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Construction: les patrons ne se seraient pas prononcés

L'accord de médiation n'a pas été soumis à l'assemblée de la SSE, selon les informations d'Unia qui demande des explications

En décembre dernier, les syndicats et le comité central de la SSE parvenaient à un accord pour mettre fin au conflit dans la construction et obtenir une nouvelle convention collective. Or, selon Unia et Syna, la direction de la SSE n'a pas défendu ces résultats en janvier devant son assemblée des délégués, alors qu'elle avait l'obligation de le faire. Elle a au contraire proposé une motion de renvoi du résultat de la médiation... ce qui a eu pour effet de faire échouer les négociations.

Le 25 janvier, les médias annonçaient que l'assemblée des délégués de la Société suisse des entrepreneurs (SSE) avait refusé l'accord de médiation dans la construction négocié avec les syndicats. La réalité semble tout autre. Selon les informations fiables et concordantes réunies par Unia et Syna, le comité central de la SSE n'a pas soumis cet accord à l'assemblée, pourtant négocié durant de longues et laborieuses semaines. Il aurait simplement proposé aux représentants des patrons de renvoyer les résultats de la médiation aux négociateurs, estimant que plusieurs points étaient à revoir.

Médiation foulée au pied
«En agissant ainsi, le comité central a violé les engagements qu'il a pris formellement par écrit dans le cadre de la médiation», estime Jacques Robert, membre du comité directeur d'Unia. D'abord parce que les négociateurs s'étaient engagés à défendre les résultats de la médiation auprès de leurs instances. Mais aussi parce que les dispositions relatives à cette négociation stipulaient clairement que ces résultats seraient à considérer comme un ensemble, «un paquet», à prendre ou à laisser. Or, cette obligation n'aurait pas été communiquée à l'assemblée. Au contraire, la formulation de la motion pouvait laisser penser que certains points pouvaient être précisés ou renégociés. «Il a été si difficile de parvenir à un accord, intervenu en bout de course à deux heures du matin. Vouloir modifier un point revient à remettre en cause l'équilibre de l'ensemble, à ouvrir la boîte de pandore», explique Jacques Robert.
Cette «manœuvre» du comité de la SSE laisse les syndicats perplexes. Ceux-ci doutent de sa volonté de parvenir à un accord: «Sa bonne foi est clairement sujette à caution. Dans une situation aussi délicate que celle que nous connaissons actuellement, c'est grave», regrette le représentant d'Unia.
Les syndicats ont réagi vivement au travers d'une lettre envoyée le 6 février au comité central de la SSE, par laquelle ils demandent des explications. Unia et Syna interrogent aussi la SSE sur ses intentions à venir: «Le comité central est-il prêt à enfin tenir les engagements pris dans cet accord? Est-ce que la SSE est disposée à revenir sur la décision prise par son assemblée des délégués?»
Les syndicats indiquent qu'ils ne pourront envisager une rencontre pour établir «une analyse commune de la situation», comme le demande la SSE, que lorsque ces questions seront éclaircies. Par ailleurs, ils rejettent l'idée d'une discussion ouverte uniquement entre les présidents des syndicats et de la SSE, comme le suggère Werner Messmer le président de la faîtière patronale. «Une telle rencontre n'est envisageable que dans le cadre de délégations élargies des deux côtés.»

Christophe Koessler