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Quand il n’est pas enregistré, le temps de travail s’allonge

Horloge sans aiguille.
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Pour Unia, l'enregistrement des heures réellement effectuées est très important afin de prévenir stress, surcharge et travail non rémunéré.

Une étude de l’Université de Genève a évalué les effets de l’assouplissement de l’enregistrement du temps de travail

Sans enregistrement du temps de travail, les horaires des salariés s’allongent. C’est l’une des conclusions d’une étude de l’Université de Genève, mandatée par le Seco pour évaluer les effets des modifications aux règles concernant l’enregistrement du temps de travail (art. 73a et 73b OLT 1*) entrées en vigueur le 1er janvier 2016. Soit 45,6 heures en moyenne pour les collaborateurs concernés par l’article 73a, 41,8 heures dans le cas de l’article 73b, et 39,6 heures dans le cas d’un enregistrement systématique du temps de l’activité professionnelle. La probabilité d’une durée hebdomadaire du travail très élevée (au-delà de 55 heures) est également plus grande pour les premiers (11,7%, contre 3,4% pour les seconds et 1,3% pour ceux qui enregistrent toutes leurs heures). Avec son corollaire de travail du soir, du samedi et du dimanche. L’équipe de chercheurs dirigée par le sociologue Jean-Michel Bonvin tempère: «Les résultats de notre étude ne permettent pas de tirer des conclusions définitives sur le lien entre modalités d’enregistrement du temps de travail et état de santé.» Ils soulignent toutefois: «Cependant, l’absence de mesures d’accompagnement et l’insatisfaction vis-à-vis du mode d’enregistrement des heures de travail (tout particulièrement dans les cas où des personnes soumises aux art. 73a et 73b souhaiteraient enregistrer l’entièreté de leurs heures) sont significativement corrélées avec un niveau de stress élevé.» Et si «la conciliation travail-famille est généralement considérée comme bonne», il s’avère toutefois que «de nombreux travailleurs ont des difficultés à se détacher du travail et éprouvent de la fatigue au point de renoncer à des activités de loisir». Phénomène qui touche surtout le personnel qui n’enregistre pas son temps de travail.

Lecture différente

Le Seco, quant à lui, met surtout en lumière, dans son communiqué de presse, que «du moment où leur entreprise introduit des mesures d’accompagnement, ils ne sont pas en moins bonne santé et ne sont pas davantage stressés que les personnes qui enregistrent systématiquement leur temps de travail». Un facteur qui s’expliquerait par une plus grande autonomie, et ainsi par «une meilleure gestion des situations de stress». Or, seuls 60% des travailleurs affirment que l’employeur a pris des mesures pour garantir la protection de la santé.

Leena Schmitter, porte-parole d’Unia, commente: «Il serait donc plus cohérent de dire que l'enregistrement des heures réellement effectuées est très important pour prévenir le stress et la surcharge de travail, les maladies liées au travail et le travail non rémunéré.» Et d’ajouter: «Plusieurs autres études montrent une augmentation constante du stress dans le monde professionnel et un accroissement de l'épuisement professionnel. Il faut donc renforcer la protection des salariés et non l’affaiblir comme le veut notamment l’initiative parlementaire de Konrad Graber qui propose de déréguler la durée maximale de travail et d’autoriser le travail le dimanche. Le Parlement doit tenir compte de l’opposition des syndicats, mais aussi des médecins du travail, des Eglises et des cantons, et enterrer ce projet, comme il l’a fait avec l’initiative Keller-Sutter.»

*L’article 73a de non-enregistrement du temps de travail s’applique aux collaborateurs touchant un salaire brut annuel de plus de 120000 francs et disposant d’une grande autonomie dans l’organisation de leur activité professionnelle. L’article 73b prévoit toutefois l’enregistrement de la durée totale du travail.

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