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Macron et le mythe du chômeur paresseux

Contracyclicité. Moins médiatisée que la réforme des retraites présentée le 10 janvier, celle de l’assurance chômage, qui va entrer en vigueur le 1er février en France, est tout aussi néolibérale et brutale. A peine plus d’un an après une réforme qui a réduit les indemnités d’une partie des chômeurs, le gouvernement Borne s’attaque cette fois à la durée de l’indemnisation. Celle-ci doit évoluer en fonction de l'état du marché du travail sur le principe dit de contracyclicité. Si le taux de chômage est inférieur à 9% – il se situe actuellement à 7,3% –, la période de chômage sera réduite d’un quart! Il fallait l’inventer. Un demandeur d’emploi lambda qui bénéficie de 24 mois de chômage avec les règles actuelles ne pourra ainsi plus compter que sur 18 mois.

Moins 40%. Pire encore. Le gouvernement projette de reculer la durée d’indemnisation de 40% si le chômage descend sous les 6%! Elisabeth Borne a annoncé toutefois le 3 janvier suspendre provisoirement cette dernière disposition. La Première ministre ne court pas beaucoup de risque, puisque les projections économiques laissent peu d’espoir de voir baisser le chômage cette année. Ce recul tactique visant à éviter d’ouvrir trop de fronts sociaux à la fois ne constitue pas un renoncement, la contracyclicité n’est pas abandonnée et, dès le 1er février, les demandeurs d’emploi subiront bien une coupe de 25%. Ce sera le cas aussi pour nos collègues frontaliers qui perdront leur emploi.

Le chômage n’est pas un choix. Le ministre du Travail, Olivier Dussopt, un socialiste renégat, espère «entre 100000 et 150000» retours à l’emploi supplémentaires en 2023. Mais il faut craindre qu’une partie concerne des emplois précaires. Une telle mesure ne peut que pousser plus de chômeurs, en particulier des séniors, vers le revenu de solidarité active (RSA) et la grande pauvreté, car les études montrent bien que le décalage entre les places vacantes et le nombre de demandeurs d’emploi s’explique par le manque de qualifications de ces derniers. Ce qui est relatif à un problème de formation et non à un manque de motivation. L’allocation moyenne, se situant à 960 euros, ne permet guère de «profiter» du chômage et de refuser un emploi correct. Mais le président Macron écarte tout ce qui ne correspond pas à ses schémas. Il en a été ainsi des propositions de la Convention citoyenne pour le climat – enterrée – ou du Grand débat national – où il n’a fait que s’écouter parler. Il croit toujours, on le voit avec cette contre-réforme, au mythe du chômeur profiteur, qu’il suffit de «traverser la rue» pour trouver un job et qu’on dépense un «pognon de dingue» dans le social sans résultat. Il faut espérer qu’à la faveur de la mobilisation pour la défense des retraites, il se prenne la claque sociale qu’il mérite.