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Lutte des classes aux Champs-Elysées

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© Clovis Paul Toraman

Symbole du pouvoir, mais aussi de la contestation, les Champs-Elysées sont un lieu d’expression de la lutte politique et de la lutte des classes en France. Comme ici le 12 janvier 2019, lors de l’Acte 9 des Gilets jaunes.

«La plus belle avenue du monde» cristallise les antagonismes à l’œuvre en France. Un ouvrage retrace son histoire sociale et politique

Les Champs-Elysées ne sont pas seulement l’une des merveilles de Paris, mais aussi un lieu où s’affirment tant le pouvoir que la contestation, un terrain de la lutte des classes. C’est ce que démontre avec brio Ludivine Bantigny dans «La plus belle avenue du monde» - Une histoire sociale et politique des Champs-Elysées, ouvrage publié cette année par les Editions La Découverte. Historienne, enseignante à l’Université de Rouen, Ludivine Bantigny est aussi l’auteure du remarquable 1968, de grands soirs en petits matins, sorti il y a deux ans.

D’Hitler à de Gaulle

L’histoire des Champs-Elysées est d’abord franco-française. Toutefois, après la débâcle de 1940, Hitler se pavane à Paris et la Wehrmacht descend les Champs-Elysées. Durant toute la guerre, explique Ludivine Bantigny, les Champs sont «le symbole de l’emprise nazie sur une partie du pays». Mais le vent tourne dès l’été 1944. Le 26 août, le général de Gaulle descend l’avenue au milieu d’une population en liesse et le 8 mai 1945, le chef du gouvernement provisoire choisit l’arc de Triomphe pour annoncer officiellement la victoire.

Les grèves de la guerre froide

Pour l’historienne des mouvements sociaux, «les tranchées de la guerre froide sillonnent les Champs-Elysées». A l’automne 1948, l’opposition entre les deux Blocs se transpose en France et les grèves de la période «sont parmi les plus puissantes que la France ait connues», selon Ludivine Bantigny. En particulier la grève des mineurs d’octobre-novembre 1948. Les Champs ne sont pas épargnés, puisque le 11 novembre 1948, jour de l’armistice, la cérémonie se transforme en affrontements violents entre les forces de l’ordre et les manifestants de gauche. Il y a de nombreuses arrestations et la foule crie: «Gestapo!»

Guerre d’Algérie et Mai 68

«Durant la guerre d’indépendance algérienne, note Ludivine Bantigny, les Champs vont aussi connaître leurs nuits rouge sang.» Le 17 octobre 1961, les Champs-Elysées sont le théâtre d’un «massacre d’Etat». Une manifestation du Front de libération nationale (FLN) est réprimée avec une violence rare, de sorte qu’un journaliste du Monde, Philippe Bernard, évoquera «la Saint-Barthélemy des musulmans». Même si, en Mai 68, le quartier Latin sera le centre de la contestation, les manifestations seront nombreuses sur les Champs-Elysées, de même qu’au moment où apparaîtront les Gilets jaunes. Cette avenue sera aussi celle des défilés de prestige, en particulier lors des deux victoires de l’équipe de France en Coupe du monde de football.

600 euros à la poubelle

Les Champs, c’est également le célèbre restaurant Le Fouquet’s, où Nicolas Sarkozy célébra sa victoire en 2007, ces palaces qui proposent des chambres à 25000 euros la nuit, une hôtesse d’accueil qui perçoit un pourboire de 15 euros pour garder le chien de Madame quand celle-ci va aux toilettes, alors que les salariés du secteur touchent entre 1000 et (plus rare) 2500 euros. Le comble est atteint avec cette femme de chambre qui trouve 600 euros dans une poubelle. Voulant les restituer à son propriétaire, il lui lance: «Je voulais simplement vider mes poches, vous pouvez les garder!» Les Champs, c’est enfin une lutte permanente des salariés contre la volonté de beaucoup de restaurateurs et de propriétaires de magasins de développer sans cesse le travail de nuit et du dimanche. Heureusement, les travailleurs s’organisent et des grèves éclatent régulièrement dans le secteur. La plus belle avenue du monde est aussi celle de l’espoir.

 

Jospin: Résister aux offensives patronales

Chaque page du dernier livre de Lionel Jospin, Un temps troublé paru aux Editions du Seuil, mérite d’être savourée. Mais la postface en constitue la partie la plus intéressante, car l’ancien Premier ministre socialiste y tire quelques enseignements de la crise du coronavirus. A ses yeux, il importe de résister à deux offensives.

La première tient au fait qu’une partie du patronat demande un surcroît d’effort aux salariés pour faire face au retard accumulé pendant la crise. «Bien sûr, explique-t-il, une critique idéologique sera reprise contre les 35 heures en oubliant le fait que le volume des heures travaillées en France avait atteint un record sous mon gouvernement. Je ne sais si les salariés sortis du confinement seront disposés à alourdir leur charge.» La seconde offensive vise l’écologie, «comme si l’urgence de la reprise économique justifiait de desserrer les contraintes environnementales».

Lionel Jospin estime que l’union des écologistes et des forces de gauche pourrait, lors de l’élection présidentielle de 2022, invalider le scénario d’un nouveau duel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Mais cela suppose que la gauche ne mène pas une politique à la façon de François Hollande, auquel il reproche une Loi Travail peu conforme aux intérêts des salariés, une politique économique n’améliorant pas le pouvoir d’achat, ou encore l’idée – finalement abandonnée – de déchoir certains binationaux de la nationalité française. Car pour Lionel Jospin, «oublier ou négliger la question sociale, c’est, pour les socialistes, renoncer à leur mission historique».

 

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