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«London calling»

Le 14 octobre, deux jeunes activistes du mouvement anglais Just Stop Oil ont aspergé de soupe à la tomate le tableau Les Tournesols de Vincent van Gogh, exposé à la National Gallery de Londres. Sans surprise, les images ont fait le tour des médias du monde entier, souvent indignés, s’interrogeant en boucle sur la pertinence de ce genre d’actions pour défendre les intérêts de la planète. Rassurons-nous, l’œuvre, estimée à plus de 80 millions de dollars, était protégée par un verre et n’a pas été détériorée. Et Just Stop Oil aura réussi son pari, à savoir, faire parler de son combat: l’urgence climatique. «Est-ce que l’art vaut plus que la vie? Plus que la nourriture? Plus que la justice?» ont interpellé les militantes après avoir apposé l’empreinte de leur main sur le mur du musée. «Cet hiver, les familles anglaises seront contraintes de choisir entre se chauffer ou se nourrir, alors que les multinationales pétrolières et gazières enregistrent des profits records.»

Le climat social et politique est extrêmement tendu au Royaume-Uni. La crise énergétique et l’inflation n’ont rien arrangé, plongeant les habitants dans une grande détresse. Et pour Just Stop Oil, qui lutte contre la mise en place de tout nouveau projet pétrolier ou gazier par le gouvernement, c’est le moment parfait pour enfoncer le clou. Certes, cette attaque au tableau aura fait couler beaucoup d’encre, mais ce n’était qu’une action parmi tant d’autres. Just Stop Oil a rassemblé plusieurs milliers de personnes à Londres le 1er octobre, bloquant une partie de la ville, pour dénoncer la hausse du coût de la vie et la crise climatique. Une grosse manifestation qui a été le point de départ d’un mois de mobilisation. Chaque jour du mois d’octobre, des actions de résistance et de désobéissance civile ont eu lieu, paralysant les routes de la capitale.

Les activistes ne comptent pas en rester là. Malgré près de 700 arrestations recensées en un mois, Just Stop Oil se montre déterminé. «Ce n’est pas une action d’un seul jour, nous serons là chaque jour et partout. C’est un acte de résistance contre un gouvernement criminel et leur projet génocidaire. Nos sympathisants seront sur le terrain tous les jours jusqu’à ce que notre demande soit entendue.» Certes, le ton est dur, menaçant. Mais ce qui nous attend, si nous n’agissons pas maintenant, le sera aussi. Le débat ne doit plus porter sur la légitimité ou pas de ces actions. Si on peut parler d’«écoterrorisme» ou pas. L’urgence est là. Il est impératif d’agir, tous ensemble et à tous les niveaux. De se bousculer, pour tenter enfin de changer les choses. C’est l’immobilisme des autorités qui pousse ces militants à de tels actes. C’est navrant, mais il n’y a que ça qui provoque un électrochoc.