Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

Le Vallon horloger et ses anarchistes

A l’occasion du 150e anniversaire de la fondation de l’Internationale anti-autoritaire à Saint-Imier, un livre retrace l’histoire sociale, économique et culturelle du Vallon

Le 150e anniversaire de la fondation de l’Internationale anti-autoritaire par les anarchistes après l’éclatement de la Première Internationale a été célébré avec panache le 15 septembre 2022 à Saint-Imier.

C’est à l’invitation d’Intervalles, revue culturelle du Jura bernois et de Bienne, qu’a eu lieu une manifestation qui a réuni plusieurs dizaines de personnes dans les locaux de la Coopérative Sur le Pont, à Saint-Imier. L’occasion du vernissage d’un magnifique ouvrage dû à la plume de Florian Eitel, traduit de l’allemand par Marianne Enckell avec la collaboration de Julien Steiner: Le Vallon horloger et ses anarchistes: une micro-histoire de Saint-Imier et Sonvilier aux débuts de la mondialisation.

Tenu les 15 et 16 septembre 1872, le Congrès de Saint-Imier mettait un point final au conflit qui opposait les socialistes dits «marxistes» aux «libertaires» qu’incarnaient, entre autres, Michel Bakounine, James Guillaume et Adhémar Schwitzguébel.

En cinq chapitres, qui emmènent les lectrices et les lecteurs au cœur de Saint-Imier et de Sonvilier à travers l’espace, le marché, les frontières, les réseaux et le temps, Florian Eitel a écrit avec force détails l’histoire sociale, économique et culturelle du vallon de Saint-Imier, une histoire qui préfigure l’avènement de la mondialisation.

Des immeubles se construisent, le train arrive en 1874, reliant petit à petit La Chaux-de-Fonds à Bienne et aux grandes lignes de chemin de fer. Le marché des montres est confronté à la concurrence américaine, des usines s’installent et les ouvriers s’associent, les machines modifient les conditions du travail à domicile traditionnel; la mobilité de la main-d’œuvre en témoigne.

Véritable «laboratoire du fédéralisme anarchiste», le Vallon sera pendant une dizaine d’années le terreau des mutuelles et des sociétés de résistance où s’élaborent les formes de la société future. Se limitant pratiquement aux ouvriers horlogers et non aux autres métiers, mais laissant les femmes de côté, le mouvement à l’origine de l’anarcho-syndicalisme refusera la politique traditionnelle. Il exaltera l’internationalisme, le drapeau rouge et la solidarité mise en pratique lors de procès, de grèves, ici et ailleurs: on envoie des souscriptions aux compagnons, on met en garde ceux qui pourraient être recrutés comme briseurs de grèves… Et puis, on chante chez les anarchistes! Sur des airs connus, les couplets s’adaptent, s’improvisent pour dire la condition ouvrière…

Hasard du calendrier ou ironie de l’Histoire? Il est à remarquer qu’en même temps qu’avait lieu la commémoration de la fondation de l’Internationale anti-autoritaire, Walter von Kaenel, ancien directeur de Longines, se voyait décerner le titre de citoyen d’honneur par les autorités de Saint-Imier. Comme le disait Cicéron: Autres temps, autres mœurs…

L’ouvrage peut être commandé dans sa version papier ISSN1015-7611, pour le prix de 40 francs + frais de port, sur: intervalles.ch

La version française complète, accompagnée d’annexes, peut être téléchargée librement à la même adresse.

Pour aller plus loin

Notre AVS a 75 ans

Affiche de la campagne en faveur du oui à l'AVS.

La guerre de 14-18 avait créé une misère dont on n’a pas idée. Une misère telle, que les syndicats suisses arrivent, pour la première et seule fois de leur histoire, à faire une...

Mobilisation kurde contre le centenaire du Traité de Lausanne

«Le Traité de Lausanne est la décision de génocide des peuples du Kurdistan!» Le 22 juillet prochain, la communauté kurde défilera dans la capitale vaudoise pour dénoncer le...

Rencontres internationales anti-autoritaires à Saint-Imier

A l’occasion des 150 ans de la naissance de la première internationale anarchiste, des rencontres anti-autoritaires – intitulées Anarchy 2023 – auront lieu à Saint-Imier du 19 au...

Pendant l’Occupation, les nazis aimaient beaucoup le vin

Dans un nouvel ouvrage, l’auteur Christophe Lucand offre une plongée dans une période sombre de l’histoire, portant son regard sur le pillage du vin français durant la Seconde Guerre mondiale