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La paix en ligne de mire

Campagne publicitaire en faveur de l'initiative.
© Thierry Porchet

En cas d’acceptation de l’initiative, les investisseurs publics ne pourraient plus financer des sociétés qui réalisent plus de 5% de leur chiffre d’affaires dans la production d’armement.

L’initiative contre le commerce de guerre veut prohiber les investissements dans les armes. Pour un monde plus pacifique et pour une véritable neutralité de la Suisse

Le Covid-19 a presque fait oublier que des guerres continuent. En 2019, les conflits armés ont tué 75600 personnes à travers le monde, dans le cadre de 152 situations de guerre enregistrées cette année-là. Plus de 97 millions de personnes ont dû fuir leurs terres (exilés pour la grande majorité dans leur propre pays ou voisin). Pendant ce temps, les institutions financières suisses telles que la Banque nationale suisse (BNS), Credit Suisse et UBS auraient investi au moins neuf milliards de dollars dans les producteurs d’armes nucléaires. Malgré la pandémie, l’industrie de l’armement prospère. Ses financeurs suisses: la BNS, les fondations, les fonds de prévoyance (AVS, PC, AI…), les caisses de pensions publiques. Et, bien sûr, les banques et les compagnies d’assurances. Si la Suisse est un petit pays, sa place financière est l’une des plus importantes du monde et a donc un impact massif.

Une question de neutralité…

L’initiative contre le financement des producteurs de matériel de guerre, déposée par le Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) et les Jeunes Verts en juin 2018, soutenue par la gauche et des ONG, tend à un monde plus pacifique et à une véritable neutralité de la Suisse. Les citoyens sont donc appelés aux urnes le 29 novembre. Cousine de celle pour des multinationales responsables, également en votation, elle exige des investissements plus durables et éthiques. «Dans les deux cas, ces textes ne portent pas préjudice aux PME, assure Oleg Gafner, coprésident des Jeunes Verts Suisse. Notre initiative contre le commerce de guerre s’attaque aux investisseurs et non pas à la production ou à l’exportation des produits suisses. Elles touchent surtout de grandes firmes américaines et européennes. Par exemple, la BNS a investi un demi-milliard de francs chez Boeing. Or, les avions de cette dernière ont été utilisés par les forces aériennes saoudiennes dans la guerre au Yémen qui a fait des milliers de victimes civiles, ou encore pour bombarder la population de la bande de Gaza!»

… et d’éthique

L’initiative prévoit que les investisseurs publics ne pourraient plus financer des sociétés qui réalisent plus de 5% du chiffre d’affaires (un indice classique de la Bourse) dans la production d’armement. De quoi faire dire aux opposants que les charges administratives, et de contrôle, seront lourdes notamment pour les institutions de prévoyance. Or, des caisses ont déjà réussi une refonte totale de leur portefeuille pour atteindre une finance durable. «C’est donc possible. Les fondations Abendrot, Ethos ou encore l’institution de prévoyance Nest investissent avec des critères éthiques stricts et elles ont un même taux de couverture. Le débat ne se situe pas sur les rendements, mais sur l’éthique. Notre argent tue. Car, par défaut et sans le vouloir, chaque Suisse investit via son fonds de pension, son AVS, l’AI ou la BNS dans le commerce de guerre, explique Oleg Gafner. Tout cet argent pourrait être affecté dans les énergies renouvelables et la transition écologique avec un meilleur rendement.» Ce dernier constat est repris par les opposants à l’initiative, qui estiment que, peu à peu, naturellement, les investissements seront de plus en plus durables. Mais le temps presse, selon le jeune Vert: «Ancrer une éthique dans la Constitution permet à la Suisse d’être plus crédible et d’avoir de meilleurs rendements maintenant. De surcroît, la crise climatique, également générée par l’armement extrêmement polluant, n’attend pas.»

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