De jeunes écologistes, en France, n’ont pas attendu les menaces de pénurie d’alimentation en électricité pour faire appliquer une loi stipulant que les enseignes lumineuses des commerces doivent être éteintes de 1h à 7h du matin. Depuis 2020, le collectif «On the Spot Parkour» escalade les façades et sautent, tels des chats de gouttière, pour atteindre les interrupteurs hors de portée du quidam. La sobriété énergétique prônée par l’Etat français fait aujourd’hui écho à ces actions poétiques et pragmatiques d’une jeunesse décidément bien plus éveillée que les pouvoirs en place. Au point qu’il faille aujourd’hui une guerre ignoble, freinant la livraison de gaz russe, et des signes éloquents de réchauffement climatique mêlant canicule et sécheresse extrême – faisant baisser le niveau des barrages et donc des ressources hydro-électriques – pour que les autorités sortent de leur somnolence.
Cet été, un plan de sobriété énergétique a été annoncé par le président Macron. La faîtière des supermarchés français a, elle, prévu une série de mesures dès le 15 octobre: l’extinction des enseignes dès la fermeture des magasins, une réduction de l’éclairage, voire une baisse du chauffage… En Suisse, alors que la menace de pénurie est aussi brandie, la Confédération réfléchit à son plan qu’elle devrait communiquer fin août. Certains grands commerces envisagent, quant à eux, de fermer des filiales. En attendant, presser simplement sur le bouton off des devantures et des enseignes permettrait déjà de diminuer une pollution non seulement énergétique, mais également lumineuse. La faune en pâtit. Les humains aussi. Tout comme le bon sens. A quoi sert une enseigne allumée toutes les nuits sur un supermarché lorsque celui-ci est fermé? Faire concurrence aux étoiles qui brillent? Faire oublier le ciel, pour rappeler 24 heures sur 24 aux habitants des villes qu’ils se doivent de consommer pour alimenter la machine capitaliste? Notamment par l’achat en augmentation constante d’objets électriques, voire connectés… et donc gourmands en énergie.
Les événements politiques et climatiques nous poussent à un changement de fond. Réduire notre consommation d’énergie est aujourd’hui un défi qui, comme dans le cas des efforts environnementaux, ne doit pas peser seulement sur chaque individu, et encore moins sur les plus modestes. L’Etat et les entreprises doivent prendre leurs responsabilités. Miser sur le solaire est une urgence. Eteindre les lumières des magasins, interdire les publicités numériques et les enseignes lumineuses qui se multiplient dans les lieux publics, impératif! Pour exemple, Lyon vient de voter un règlement interdisant les écrans dans l’espace public et restreignant l’affichage publicitaire. A la mi-août, plus de 120 communes de Suisse romande ont participé au projet Perséides. Elles ont éteint, en grande partie du moins, leur éclairage public pour laisser libre champ aux étoiles filantes. Preuve que c’est possible, dès aujourd’hui.