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C’est l’histoire d’un jeune ambitieux, interprété par Gad Elmaleh, propulsé à la tête de la première banque européenne. Le dirigeant peu scrupuleux comprend bien vite qu’il n’est que le pantin d’un fonds d’investissement étasunien, qui le pousse à licencier des milliers de collaborateurs afin de faire monter le cours de l’action. Avide d'argent, il s’exécute et touche un confortable bonus. Sorti en 2012, le film Le capital de Costa-Gavras n’a, hélas, rien perdu de son intérêt ni de son actualité. Le même scénario semble en effet se répéter dans les entreprises cotées en Bourse: dans une première phase, on ne remplace pas les départs, voire on licencie une partie des effectifs, et on externalise des services; puis, lorsqu’il n’y a plus d’économies à réaliser, on délocalise dans des pays où les coûts en personnel sont moins élevés.

Remake à Boncourt. Fondée en 1814, la fabrique de cigarettes Burrus est passée en 1996 dans les mains de groupes internationaux, d’abord Rothmans, puis British American Tobacco (BAT). Depuis lors, la moitié des effectifs de l’usine jurassienne a fondu. Les 220 employés restants sont aujourd’hui menacés de licenciement, la multinationale basée à Londres, mais détenue à 75% par des fonds d’investissement, envisageant de délocaliser la production des «Parisiennes» sur d’autres sites en Europe. Les syndicats Unia et Syna organisent la défense de l’usine. Ils sont en train d’élaborer avec les salariés des alternatives permettant de sauvegarder les emplois. Ils auront certainement de bons arguments à faire valoir en faveur d’un site qui reste rentable. BAT enregistre des marges d’exploitation et des bénéfices fort confortables malgré la mise en place des politiques antitabac. Il faut juste espérer que cette procédure de consultation ne soit pas qu’une comédie aux yeux de la direction de Londres.

Nous ne sommes que des figurants, nous autres salariés, pour les conseils d’administration et les marchés financiers. La finance devrait pourtant apporter les fonds nécessaires au développement de l’activité des entreprises, mais trop souvent elle casse l’outil industriel. Le comble, c’est que les fonds de pension constituent une bonne part des fonds d’investissement. Les économies des travailleurs censées être mises de côté pour la retraite sont utilisées pour supprimer des emplois, plonger des familles, des villages et des régions entières dans l’anxiété et la précarité. Et on sait comment la prévoyance professionnelle a été confisquée en Suisse par des acteurs privés, comme l’a bien montré le récent doc Protokoll, l’histoire cachée du deuxième pilier, diffusé par la RTS et toujours visible sur son site. Coupez! Il faut changer le script. Bon, là, je n’ai pas de film à l’appui à citer, il reste à réaliser. A nous d’en être les acteurs.