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Amiante à l’école des Pâquis: Unia dépose une dénonciation pénale

De gauche à droite: François Clément, Fabrice Berney, José Sebastiao et Blaise Ortega.
© Neil Labrador

Syndicalistes et juriste d’Unia se sont rendus jeudi dernier auprès du Ministère public au Petit-Lancy pour déposer la dénonciation pénale. De g. à dr.: François Clément, Fabrice Berney, José Sebastiao et Blaise Ortega.

Face à la gravité de la situation, le syndicat demande au procureur général de Genève de faire toute la lumière sur les responsabilités de chacun dans cette affaire d’exposition à l’amiante

«En tant que défenseur des droits et de la santé des travailleurs, Unia ne pouvait pas ne pas réagir», indique Fabrice Berney, juriste à la section genevoise, après avoir déposé la dénonciation pénale dans l’affaire de l’exposition à l’amiante sur le chantier de l’école des Pâquis.

Parmi les infractions pénales pointées, on retrouve notamment la mise en danger de la vie d’autrui et l’atteinte grave à l’intégrité corporelle ou à la santé. «A ce jour, nous avons la quasi-certitude que les travailleurs ont été exposés à l’amiante, pouvant entraîner des pathologies sévères, voire la mort», poursuit le juriste. Qui est visé par cette plainte déposée le 4 mars auprès du Ministère public? Principalement la société de désamiantage Perrin Frères SA, mais aussi toute autre personne morale ou physique, entité ou organe public, ayant une responsabilité dans cette affaire entre 2017 et 2020. «Nous avons décelé de graves manquements autour de trois acteurs principaux, détaille François Clément, membre de la direction du secteur à Unia. L’entreprise de désamiantage qui n’a pas respecté les procédures réglementaires, la Direction des travaux qui, manifestement, était au courant des dysfonctionnements mais n’a pas protégé les travailleurs et la Ville de Genève, qui n’a pas l’air de prendre les mesures nécessaires face à la gravité de ce cas.»

D’autres plaintes à venir

Malgré plusieurs sollicitations de la part d’Unia, la Ville de Genève n’a toujours pas mis les documents à disposition du syndicat, comme la liste des travailleurs qui ont œuvré sur le chantier ou encore les déchetteries où ont été déversés les résidus contaminés (lire notre édition du 26 février). «La Ville s’est contentée d’un courrier nous disant de nous adresser directement aux entreprises concernées, s’indigne José Sebastiao, secrétaire syndical en charge du dossier. Face à la gravité de la situation, on attendait d’elle qu’elle prenne ses responsabilités et se procure ces documents. Elle ne nous a pas laissé d’autre choix que de déposer plainte. Ce sera maintenant au Ministère public de faire toute la lumière sur cette affaire, de déterminer qui est coupable de quoi et de mettre les responsables face à leurs actes.»

Pour Fabrice Berney, cette plainte n’est que le début du processus: «A ce stade, peu de travailleurs sont renseignés ou accompagnés correctement, Unia avait donc le devoir de réagir. Mais ils vont sans aucun doute porter plainte de manière individuelle. Le préjudice est difficilement chiffrable pour l’instant, mais un dédommagement rapide pour le stress engendré et le tort moral serait le bienvenu.»

Entreprise évincée

Pour l’heure, les travailleurs continuent à œuvrer sur le chantier. Selon nos informations, la Suva est encore en train de lister les personnes potentiellement exposées, et des visites médicales seront ensuite organisées. De même, la Direction des travaux (DT) aurait retiré le mandat de désamiantage à Perrin Frères SA, le confiant à une autre entreprise. «C’est dommageable qu’il faille attendre plus de deux ans de travaux et l’intervention du syndicat pour que les choses changent, regrette François Clément. C’est peut-être déjà trop tard. L’extrême légèreté avec laquelle la DT et la Ville ont géré cette affaire est inacceptable.»

Le juriste Fabrice Berney ajoute qu’il faut s’attendre à une longue procédure: «Au vu du nombre de victimes potentielles, à savoir une centaine, et des faits qui s’étalent sur plus de deux ans, le temps pour enquêter et instruire ce dossier sera conséquent. Unia restera très attentif aux suites portées à ce dossier.»

«Nous avons fait des erreurs»

Contactée, l’entreprise Perrin Frères SA a volontiers répondu à nos questions. «Nous admettons avoir fait des erreurs sur ce chantier, concède Nils Rentsch, son directeur. Cela dit, d’autres acteurs doivent aussi assumer leur part de responsabilité.» Ce dernier assure «ne pas chercher à étouffer l’affaire» mais plutôt à «vouloir s’expliquer et comprendre». Quant à l’avenir de l’entreprise à l’école des Pâquis, Nils Rentsch confirme qu’elle «ne pourra pas terminer le chantier», sans nous en dire plus.

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